L'ennui
J’ai fermé les yeux pour essayer de garder le plus longtemps possible cette étrange sensation. Mais elle est vite repartie comme elle était venue sans demander son reste. Tout de suite m’est remonté en mémoire un passage d’un très beau livre sur lequel s’escriment mes insomnies : les Hauts-Quartiers de Paul Gadenne : un livre rare, exceptionnel dont je parlerais ici même un de ces jours. Tout de suite, après, j’ai repensé aux enfants abattus de part et d’autre du mur qui coupe comme une blessure l’ancienne Palestine, aux mamans éventrées, aux jeunes gens abattus faisant partie de la même tribu.
Tout de suite, j’ai vu réapparaître la gueule hirsute de la bête immonde avec l’empoisonnement des opposants à Poutine. Tout de suite le côté vieux militant post-soixante-huitard a repris le dessus. Ouf, j’étais sain et sauf. L’ennui ? Quel ennui ? Alors j’ai pris mon vieux dico pourri jusqu’à la trame pour lire la définition « officielle ». Rien de tel qu’un retour sur la bonne terre laroussienne pour remettre les idées en place. Ennui : Lassitude, abattements provoqués par l’inaction et le désintérêt. Je me suis levé aussitôt. J’ai poussé la porte de mon vieux jardin qui sentait encore bon les dernières roses de l’été finissant. Dans le ciel, passèrent en criant très fort trois grues cendrés…En route vers le Sud !
Est-ce qu’un oiseau migrateur connaît l’ennui ?
Le Hezo