Contre-emploi

Publié le par Guy-Joseph Le Hezo


C’est un étrange sentiment qui m’envahit lorsque je vois Sarko à la télévision. Il y a quelques jours avec Chirac, avant hier avec Blair, il la jouait papa cool et affichait un sourire bronzé comme un lion de fontaine. Cette attitude disait à la fois : « enfin j’y suis !… » Bientôt j’aurai ma tronche dans tous les lieux publics, je donnerai mon nom à des rues, des avenues, des gymnases, des gratte-ciel, des aéroports … Une voie sur berge Sarkozy à Melun, un hôpital Sarkozy à Vesoul, un collège Sarkozy à Fécamps…T’inviteras tes amis à la Résidence Sarkozy ! Du coup tu risques de te retrouver tout seul avec tes vieux restes de poisson japonais.

Mais j’ai aussi décelé chez le petit homme une sorte de fragilité, de fêlure, de pusillanimité qui m’a fait mal. En tapant dans le dos à Blair qui avait des yeux de merlan frit (il venait de pleurer dans les chiottes ou quoi ?…), il essayait de gommer tout ça et voulait nous dire : fini le baise-pogne à la mère Merkel, moi je suis jeune, beau, moderne, je bise ou je tape dans le dos…Mais derrière ce message s’en cachait un autre : le petit homme disait aussi : « J’ai le pouvoir certes mais je veux qu’on m’aime ! » C’est là précisément dans cette insatisfaction, dans cette quête vers un bonheur qui le fuit (je ne parle pas de Cécilia qui fait ce qu’elle veut où elle veut avec qui elle veut… On s’en tape comme de son premier philodendron) que réside la blessure. Ce type n’est pas heureux !…On lui a donné nous les Français (enfin pas moi) son hochet : le pouvoir  et bien cela ne suffit pas.

Il y a là, chez lui, quelque chose finalement de profondément humain… On l’avait déjà senti lors du débat où il avait avalé tout un tube de Prozac, il en était pathétique de retenue, de figure imposée comme pour ne pas déraper, pour ne pas faire revenir le naturel au galop… En riant comme un vieux pape à son balcon de Castel Gandolfo, il essayait une nouvelle fois de nous envoyer le même message : celui d’un homme dans la plénitude de ses moyens. Mais las… la fissure apparaît d’autant plus que le plâtre est épais. Loin de la solennité d’un Mitterrand et du caractère joyeux du vieux bouffeur de pomme Chirac, Sarkozy apparaît comme un prince timide, timoré presque effacé. A contre-emploi. Pour mieux montrer ses dents de loup ensuite lorsque cela tournera vinaigre ! L’avenir, c’est sûr, n’appartient à personne.

 

Le H.

 

Publié dans Présidentielles

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