UN OS POUR LES RIENS (22)

Publié le par Guy-Joseph Le Hezo

PARIS, 8 jan (AFP) - Les avocats veulent mobiliser les "citoyens" contre le projet de réforme de la procédure pénale du ministre de la Justice Dominique Perben qu'ils jugent "dangereux" pour les libertés, ont indiqué mercredi deux de leurs principales organisations lors d'une conférence de presse. Ce projet, qui vise à renforcer les moyens de la police pour lutter contre "la grande criminalité", se traduira par "un recul important des droits de la défense", en particulier lors de la garde à vue, a souligné Paul-Albert Iweins, président de l'Ordre du barreau de Paris. "Sous prétexte de terrorisme et d'affaires les plus graves, on est en train de faire basculer la procédure pénale en faveur de l'accusation au détriment de la défense", a-t-il critiqué.

Il s'agit d'une "évolution dangereuse pour les libertés", a ajouté l'avocat, affirmant que la profession prenait "le parti des citoyens" dans cette affaire. Selon la "note d'orientation" soumise par la Chancellerie aux organisations professionnelles, l'intervention de l'avocat pourrait être repoussée à la 36ème heure pour les affaires les plus graves en particulier lorsqu'elles seront commises en "bandes organisées".Le régime dérogatoire à la présence de l'avocat dès la première heure de garde à vue ne concernait jusqu'à présent que le trafic de stupéfiants, le terrorisme et le proxénétisme. L'avant-projet de loi pourrait être présenté d'ici quinze jours au Conseil d'Etat, avant d'être soumis au Conseil des ministres en février. Pour Me Iweins, dont l'organisation regroupe environ 40 % des avocats français, cette réforme n'est pas justifiée car "il n'y a pas une seule affaire au barreau de Paris où la présence d'un avocat n'ait en quoi que ce soit compromis l'enquête de la police". "Si on cherche à retarder la présence de l'avocat à la 36ème heure on revient à la religion de l'aveu. On veut avoir les gens en mains sans témoins pendant 36 heures. C'est gravement préoccupant", a critiqué l'avocat, ironisant sur le fait que "la chronique judiciaire était pleine de gens qui ont tout avoué".Bernard Chambel, président de la Conférence des bâtonniers, qui regroupe la quasi-totalité des barreaux de province et de la région parisienne, a pour sa part dénoncé le risque que "les nouvelles dispositions présentées comme dérogatoires deviennent la règle".


Selon la profession, la moitié du contentieux des tribunaux correctionnels est ainsi constituée d'affaires commises en bande organisée.  "La procédure pénale est un enjeu de libertés et ne doit pas devenir un enjeu politique", ont conclu les responsables.08/01/03 14:46 ."

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Pour moi, le pain sec, ça a duré deux mois !  On se rend pas compte ce que c’est que deux mois à vivre en vase clos, dans le sombre, l’humide, le putride, l’infect. Oh ! bien sûr, je vais pas donner tous les détails. Pour quel intérêt ? Dire qu’on atteint, qu’on touche le fond de la débilité…de la connerie humaine. Dire qu’on a du mal à comprendre pourquoi des Zommes font ça à d’autres Zumains. On va pas s’envoyer des grands mots. On est entre nous. On doit rester dans le charitable. Est-ce pas abbé Pierre ? Est-ce pas Théodore Monod ? Est-ce pas Jacquard ? Mais quand on a quinze ans, on comprend pas encore comment tout cela est goupillé. On peut croire encore à certaines idées comme par exemple celle de pouvoir dire : « ok, t’ as fait une connerie mais on va essayer de t’aider… » « On va essayer de s’en sortir ensemble… » «Car c’est toi demain qui seras aux commandes. Là où je suis moi aujourd’hui ! Alors jeune mecton, ta violence, je l’admets pas mais je peux aussi la comprendre. On va essayer de faire que tu comprennes que ça sert à rien ! C’est gonflant, je sais, mais on n’a rien trouvé de mieux pour l’instant !… » S’agit pas de faire de la morale à tout bout de champ mais essayer de comprendre… Deux mois, ça fait très exactement : 31 + 30 jours, 61 jours… tu commences un lundi et puis après t’as l’impression que ça finira jamais !…Huit fois qu’il doit revenir le lundi pour que tu sois libéré ! Ça dit rien comme ça, mais c’est fou !

On passe sous silence quand t’es descendu par Bibi-Fricot et Marcellu à coups de crampons dans le travaja ! Tu te raccroches au mur comme tu peux, on te tire (enfin façon de parler !…), on te hèle, on te ramasse comme une galette de pétrole sur une plage des Landes, on te martèle que tu vas en baver. Tu te vois déjà comme un vulgaire gastéropode avec la bave à la corne. Comme une larme. Tu te dis après ça, j'écris "Papillon" et je me mets de la super-tune dans la poche.

Tu te lèches les doigts : c’est plein de salpêtre.


Tu pleures comme tu peux avec des petits coups comme ça. Dans le silence de ton petit moi. Tu mets tes larmes en lignes pas comme l'autre qui pleure au pas cadencé ! Oui, ouin, ouin, ouin, etc.


Tu geins parce que tu comprends pas la méchanceté. Tu sais pas ce que c’est. Vrai t’es pas un ange. Le gros Glaviot le sait à ses dépens. Il souffre toujours de la tête depuis que tu lui as balancé une tuile à la tronche. Il est devenu zen. Il regarde la mouche à merde qui se balade sur la toile cirée de la table de la ferme et ne songe même plus à la sauter avec la main grande ouverte. C’était son grand plaisir avant : il faisait zac avec sa main toute grande et zop chopait les moukes par groupes de cinq ou six. Il aimait les sentir grenouiller contre ses doigts, dans les trous opérés dans la peau avec son opinel. Il en loupait pas beaucoup. Même dans le noir. Il faisait zac avec la main… sauf qu’un jour, il faisait sombre dans la cuisine, il avait fait zac et avait senti comme une très grosse mouke au fond de sa main. C’était un méga-frelon qui habitait une poutre dans la grange d’en face. Ça avait été pire que les Dardanelles. L’avait eu une main comme un chinois. Percé de partout.  Bon, il était zonzon le Gus Glaviot, mais z’enfin ?… c’est pas ça qui l’a rendu rmiste ; il avait déjà un sacré patrimoine de foldingue avant. Une famille de Kultivators !, tous membres ou presque de la FNSEA. C’est dire…  T’aurais bien envie de rire, là présentement. Tu dis Kultivator et tu penses Exterminator ! C’est presque un nom d’engrais phosphaté ça ? Au nitrate enrichi. Super-polluant. Mais face à l’adversité, tu serres les dents et les fesses. Tu sens la sueur de Marcellu te couler sur l’échine. Si tu t’écartes du chemin, t’es bon comme la romaine. Après les escaliers, d’autres escaliers. Tu descends dans le fonds de cul du monde. Ça s’appelle du reste un cul de basse-fosse. Il y a avec toi Arwah manna, le grand aux cheveux crépus qui va jouer un si grand rôle dans ta vie même si tu ne le sais pas encore. Et puis Charles, ton pays, au cœur de bœuf, puis Napoléon Papa qui est tout noir. Et puis le gros Père. Le Sumo a été épargné mais il est en rogne. Il voulait tout casser. Trouvait que c’était injuste qu’i soit pas puni. Puis derrière Jésus Pétain, fils naturel d’Adolf et d’Eva. L'affreux et l'évaltonnée dans une copulation de monstres lubriques. Imagine :


Eva : Vas-y pète-moi le schnecke, l'adolf !

Adolf : Peux pas…j'ai la biscrouille comme l'armée de Romel, en déroute…

Eva : Alors mets-y le doigt…

Adolf : Peux pas ! J'ai des gants en peau…

Eva : Alors va te faire foutre…

Adolf : C'est déjà fait !…

Vous êtes huit dans "le détail" à rejoindre le trou. Le cortège passe près des cuisines. Ça graillonne et ton ventre fait des remous.  T’as rien bouffé depuis quand ? T’as plus de souvenirs, ébloui que t’es encore d’avoir rencontré le petit Nick’, mais t’aimerais quand même bien te remplir un peu la panse avant d’avoir à affronter la suite. Alors tu dis :

« J’ai rien bouffé depuis ce matin, je pourrais avoir quelqu' chose ? »« T’as rien compris mecton, c’est que dalle qu’il a dit le grand Nico ! Pain sec ! Alors tu r’passeras ta culotte s’ra faite. Demain, petite soupe au lever puis après la pelote, les corvées, re-soupe et hop au trou pour le restant du jour… tu verras, on fait pas mieux dans le genre ferme ta gueule et apprends à te taire ! » que dit Bibi-Fricot. ccompagné d’une bonne ruade dans les reins du tortionnaire légionnaire. « Avance fils de la honte » qui dit le Marcellu en pensant à sa propre progéniture qui ose pas se dire fils de flicos ! Je trébuche et m’étale comme une lope. Il me relève. On reprend la route. J’ai mal partout et j’ai tout à coup envie de pleurer mais je vais pas leur donner cette joie. Faut que je tienne le coup.


Marcellu ouvre une porte, me pousse, voilà je suis en tôle, un petit espace avec un chiotte à la turcque dans un coin, une prise d’eau, une petite lucarne grande comme deux mains d’hommes, des paillasses, des inscriptions sur les murs : « je tes sucé jusqu’aux bout de la nuit ». Signé : Charles –Edouard. « J’ai aimé ça ! » Signé : Gonzigue de Saint-Brac, lauréat de la Star Ac’. Mais aussi quelque chose qui me venge : « Monsieur Michel est une tente ». Va te faire voir chez La Hutte hé vieille tente ! « Tes couilles sont pleines de miel » C’est pas signé mais il y a une réponse : « et toi t’est mon gro' bourdon ! » Il y a même un « je t’aime ! » Et un gros dessin qui montre un pénis énorme comme un canon. Sur ses roues. Et je pense à Verdun, aux poilés dans les tranchues… Eux-aussi en ont dessiné des appareils génitoires. A défoncer des troupeaux de laideronnes, des armées de greffières en chef, d’infirmières libérales. A écarteler des teutonnes ! A mettre enceinte madame Piècesjaunes herself !

« Demain soupe à 6 heures ! »

J’avance dans la carrée. La porte claque dans mon dos. Voilà. Point d’orgue. Je sens la noisette et le pipi de chat. Je suis liquéfié. J’ai peur. J’ai envie de pleurer. J’ai un trou dans le bide. Un cataplasme sur l’estomac. La fiente, petite crotte, se fige dans mes intestins. Mais tout à coup …je sens que je ne suis pas seul. Je me retourne. « Arwah manna ? »…  « K’èques-tu fait là ? »

Chaque fois que je suis troublé, je parle gros bébé.

« On est deux par cellule » que dit Arwah manna, alors j’ai poussé un peu pour être avec toi… » Réflexe conditionné : « Tu veux me très-saillir ? »Arwah s’éclate dans un sourire kenyan-vainqueur-du-marathon ! Des dents de lune qu’il a le Berbère farouche. Et un œil de calisson. Et des lèvres comme des tétins de religieuses. D’une laideur d’hydravion. Hybride terre-air-eau, veux-je dire.

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