UN OS POUR LES RIENS (27)

Publié le par Guy-Joseph Le Hezo

« T’as foiré ? » que dit Arwah, avec un sourire de seigneur Banania.

Je baisse la tête, confus.

Un jour, Arwah, sur la fin de ses blessures à la gueule, me prend au retour de soins par la dureté :


« Bon dieu qu’il dit, j’en ai marre de cette poule nouille…Faut être droit dans la vie…Tout le monde est fait pareil » qu’il dit. « C’est pas parce que t’as un trône… tu sais ce que c’est qu’un trône ?… »


Je dis oui avec la tête.

« … en or massif que t’es le roi du pétrole. Lui aussi l’émir du Qatar, il pose son cul royal sur un trône et pousse comme un dératé pour sortir son truc ! Alors quand t’as un Illustre devant toi, regarde-le comme quelqu’un qui est constipé…Il ferme les yeux : il pousse et quand ça vient : il fait haaarrr ! On l’entend dans tout l’Elysée ! Ce haaarrr, ça veut dire que le président fonctionne bien… qu’il a pas besoin de dragées flucca ! Il dit haaarrr et ça baigne. On sait qu’il va encore dire merde aux Ricains et c’est ça qui rassure ! Ou qu’il va botter le cul des Polonais ! On peut pas faire de la bonne politique si on s’est pas débarrassé de tout ça…Faut chier droit moustique…Capito ? »


Je dis oui et comme pour lui faire bien comprendre que j’ai compris : je me fais un pet public ! Un vrai de vrai ! Un à l’humeur provocante ! Comme chez le dirlo : un Augias extra-lourd.

Je lui explique du reste à mon pote, le coup d’Augias. Je dis :

« J’ai Augias moi qui surveille tout ça …. Le dieu Augias qui est tout en haut de mes tuyaux et qui préside aux choses des évacuations… Le Prince ailé de mon Tout-à l’Egout personnel. Quand je lui en ai mis un vrai de vrai en plein face, un jaune, vraiment commack, il est resté comme deux ronds de flan, Monsieur Michel… J’en ai à la commande des Augias ; pour toutes les cérémonies, de toutes les couleurs : les jaunes sont les plus durs à supporter. Mais il y aussi les rouges qui sont très durs, comme des exocets. Les bleus font mitrailles…Les noirs, je te dis pas, les noirs…. Ils sont maléfique en diable !…Les verts sont diarrhéiques… J’en ai même des fluos pour faire la nuit dans les terrains vagues des banlieues… Capito, Arwah ?»


Il fait oui de la tête et je sens beaucoup d’admiration dans son oeil jaune. Il pense : « C’est quand même mieux que Driant, Augias. Plus en rapport avec la vie d’aujourd’hui, hein, foutre merde  ? »

Et puis il y a la première cibiche.
Du Hollandais gros cul. Amsterdamer avec un mec en bonnet de poil tout bleu sur le paquet. Fait pour fumer à la pipe et qui embaume ! Ça sent le miel quand t’es à côté mais ça te bouffe pareil les poumons que le gros Caporal des biffins quand tu tires sur le mégot. Foutre de général comme dirait Bigeard !

Il l’a ramené de l’infirmerie, Arwah, je sais pas comment il s’est procuré ça !

Quand le garde-chiourme l’a poussé dans la carrée sans ménagement en le traitant, il a un sourire de madone des sables. Il attend que le bruit des clés secouées à bras d’homme ait disparu pour ouvrir sa braguette et y plonger une main filouteuse.

Il en sort le paquet bleu sus-cité.


« Du vrai, qu’il dit, pas du gorgonzola, du vrai, de l’afghan ! »

« Du quoi ?… »

« De l’af'… tu vas pas dire que t’as jamais fumé ? »


A part le fond du calbut, je pense.

« Ouaip, une cibiche, par-ci, par-là…rien de suivi. Une bastos corse, quoi. Une boyard russe. Une royale de banlieue. » je dis.

« Mais non pas de l’officiel, pas du poil de la carotte, de l’interdit… »

Devant ma mine déconfite, il éclate de rire :


(à suivre)

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