La mère Fouettard

Publié le par Guy-Joseph Feller

 Cet édito a été écrit au moment chaud des banlieues...Depuis lors rien n'a changé !

 Le PS est en transes et ses présidentiables font feu et flèches de tout bois, rapport à ce que l’histoire politique de notre pays retiendra peut-être un jour sous le nom de « contrat de Bondy ». Contrat passé entre la chouchou des sondages et « les électeurs de base » qui avaient plutôt tendance ces temps derniers à lorgner vers les thèses racistes de l’homme au bandeau. La Ségolène, comme on dit chez  nous, a avancé ses premiers pions et le moins que l’on puisse dire c’est que ça détonne (certaines mauvaises langues socialo-droitières disent que ça déconne !)

Avec son air un peu guindé, sa belle gueule un peu bourge, sa tenue calquée sur les pages en papier glacé de Elle, son phrasé un peu hésitant, presque timide, elle a montré qu’elle était plutôt « couillue », La Madone, qui se prend des allures de Mère Fouettard. Un beau pavé dans la mare qu’elle s’est payée la Mère Royale éclaboussant l’establishment aussi bien de gôche que de droite ! Mais derrière ces cris d’orfraie, en entend surtout le bruit du canon. On n’est pas obligé de partager ces idées-là (ce qui est mon cas) mais on doit reconnaître à ce Bonaparte en jupon un sens tactique très prononcé. Même Sarko a fait profil bas… c’est dire !

Il y a du machiavel chez la Ségolène qui se promène avec une veste blanche pour parait-il paraître plus blanc que blanc (j’ai lu ça quelque part mais où ?…), C’est vrai qu’elle a une touche un peu plus sympa que tous les complets gris-anthracite de chez Saint-Hilaire ! Elle fait Mère Denis car bien sûr c’est elle et elle seule qui est la vedette… Ça c’est bien vrai alors !…

Tiens une réflexion à propos des banlieues. Il sera bientôt de bon ton d’aller s’encanailler chez la racaille ! D’aller kärchériser en Jag’. Vous allez voir que les banlieues vont un jour redevenir à la mode et que Raoul Castro n’y sera pour rien. On cédera son F8 de chez Gaymard pour un clapier de chez Lidle. Le samedi soir, qu’est-ce que tu fais après le turbin ? Je vais au Bin Tur(c) à Aubervilliers ! Eric Raoult sera la nouvelle icône et le fer de lance d’une nouvelle UMP ragaillardie par une bonne décennie d’opposition.  On rouvrira des lupanars dans les caves des hachélèmes et le premier ministre de l’époque fera une réunion interministérielle décentralisée au centre social les Sapins Bleus de La Courneuve. Comme dirait Geneviève Tabouy, attendez-vous à savoir… 

Quant au fond du sujet (l’encadrement militaro-policier de la délinquance), il est gênant évidemment car il n’est pas sans rappeler  les bons vieux camps de jeunesse de sinistre mémoire. A côté les centres fermés  de ce « brave » Perben ressembleraient à de joyeuses colonies de vacances. Mais voilà, il s’agit de mater les primo-délinquants (vous avez vu chaque fois qu’il y a un problème, on invente un vocable qui va avec…), d’affreux zoulous avec des gueules pas possibles et parlant un langage qu’on comprend même pas ! Et qui cassent des Punto rafistolées. Même Pompidou  lui le chantre de la bagnole doit s’en remuer dans sa tombe.

Ce qui me gêne surtout dans cette annonce, c’est pas le ton mais c’est le fait que cela ne va rien régler du tout. On avait auparavant les maisons de corrections et pourtant cela n’empêchait pas la délinquance juvénile. Aujourd’hui le phénomène s’est amplifié tout simplement parce que les dégâts collatéraux du système capitaliste sont encore plus désastreux. Je m’étais promis d’apprendre par cœur le nom du grossium débarqué par le conseil d’administration de son entreprise parce qu’il tapait comme un fiévreux dans la caisse. Mais ma mémoire me joue des tours…

Racisme interethnique, communautarisme, échec de l’intégration républicaine, chômage des jeunes, discrédit du politique, éducation et éducateurs en perdition, morale en jachère… n’en jetez plus : la cour d’Augias est bien remplie. C’est toute la société qui est en berne. Et il est facile bien sûr de chercher et de trouver des boucs émissaires. Mais avant de taper  sur les doigts, il faudrait proposer des solutions. Non ? Je suis à côté de la plaque, là ?…

L’enfermement est la plus mauvaise des réponses. Mais une fois cela dit et posé ?… On est en droit de se tapoter le goitre  comme faisait le Seigneur de Chamonix, Monsieur Chamallow, et de se dire : que fait-on des irréductibles ? Est-ce qu’un bon coup de pied au cul de temps en temps n’est pas plus profitable qu’une tape dans le dos des « chers potes » ! Je me souviens de mon adolescence qui ne fut pas facile. J’étais casse-cou, rebelle, intrépide, jaloux de ma liberté… une sorte de petit coq prétentieux comme ne savent plus l’être malheureusement les jeunes d’aujourd’hui qui cassent… pour « rigoler ». Pour moi, c’était plutôt une démarche de revanche intellectuelle, un moyen de m’affirmer. D’être un adulte.

Et comme ma pauvre mère avait bien des difficultés avec ses gniards, et ne parvenait jamais à réduire leur « fracture sociale », elle ne manquait jamais de demander au maître d’école d’avoir à nous dresser le poil ! L’instit (pourtant de conformité Freinet) n’hésitait jamais à suivre cet avis maternel autorisé ! On connaissait la sanction ! Et  on faisait une connerie en connaissance de cause ! Alors la mère Fouettard, tort ou raison ? Les deux mon neveu… mais voir le boum que cela provoque au pays des tulipes (la Hollandie), je me marre… Coluche aurait aimé. Mais cette « mission Royale » risque d’avoir des effets contraires : qui ne voudrait pas se faire fesser par cette belle  et grande bringue !… Mais je sais que je prends in petto le risque de me faire mordre par les chiennes de garde ! Quant aux primo-délinquants, ils ne sont peut-être pas toujours  là où l’on pense !  Entre une Punto brûlée et une Résidence secondaire construite illégalement sur les bans de Saint-Trop’, qui est le vrai primo-délinquant ?

Publié dans Présidentielles

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